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L’objectif de ce site est de « tenter » de suivre le procès du Gang des Barbares au jour le jour.ilan halimi En effet, suite à la décision du huis-clos nous avons pensé qu’il était utile de mettre à disposition de tous un site qui permettrait de savoir ce qui se passe lors de ce procès pas comme les autres…

Le site rassemble les articles que nous avons selectionnés afin de vous donner une vision précise de l’évolution du procès. Le but n’est pas de mettre tous les articles parus dans la presse mais uniquement les plus pertinents afin d’éviter une redondance d’information.

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Procès Fofana: MAM veut faire appel

La ministre de la Justice Michèle Alliot-Marie a demandé aujourd’hui au parquet de « faire appel des condamnations inférieures aux réquisitions de l’avovat général » dans le procès du « gang des barbares », a-t-elle annoncé devant la presse à la sortie du conseil des ministres. « Ce matin, j’ai demandé au procureur général près la Cour d’appel de Paris de faire appel des condamnations inférieures aux réquisitions de l’avovat général », a-t-elle dit.

Les parties civiles ainsi que plusieurs organisations juives avaient dénoncé dimanche un verdict « indulgent » à l’égard des complices de Youssouf Fofana, dans l’affaire du meurtre aggravé du jeune juif Ilan Halimi en 2006 près de Paris, réclamant un nouveau procès.

«Goodbye Fofana»?

Source : Slate.fr

Son habituel petit sourire goguenard aux lèvres, Youssouf Fofana fait son entrée dans le box des accusés. Ce 10 juillet, le soir du verdict, il a choisi dans sa garde-robe une chemise africaine traditionnelle qui tranche par ses motifs bariolés avec le décor austère de la cour d’assises. Il s’assoit dans son coin, à une distance raisonnable des autres prévenus dans le box, sous l’oeil tendu des gendarmes qui le surveillent. Il semble pourtant détendu, d’excellente humeur. Et il entame immédiatement une conversation animée avec ses deux avocats commis d’office. Ce n’est que lorsqu’il entendra son nom, suivi de la peine prononcée par les jurés – perpétuité avec 22 ans de sûreté – qu’il lèvera la tête, agacé, en imitant des applaudissements. Avant de reprendre le fil de sa discussion. Ce soir, on dirait que le «Fofana show» fait relâche – ou qu’il a changé de style.

Tension dramatique

Cela fait plusieurs heures que le public patiente devant la salle du Palais de justice où va se dérouler le dernier épisode du procès dit du « gang des barbares ». Réunis dans un lieu tenu secret de la capitale, les jurés débattent depuis plus de deux jours sur les peines à infliger à l’encontre des membres de cette bande de jeunes qui avait séquestré Ilan Halimi en 2006. Après dix semaines de débats à huis clos, la presse, les proches et les curieux vont enfin pouvoir pénétrer dans la «salle interdite» pour entendre le verdict des jurés. Ils sont venus en nombre.

Un impressionnant dispositif de sécurité est mis en place pour éviter les débordements. Quelques groupes de jeunes, «blacks» à capuches d’un côté, jeunes militants juifs de l’autre, sont effectivement de la partie; on dit que la Ligue de défense juive et la Tribu K ont lancé des appels à la mobilisation. Tenteront-ils d’en découdre après l’annonce du verdict? Parmi ceux qui font la queue pour rentrer dans la salle, on reconnaît également le président du CRIF, étroitement gardé par trois armoires à glace du SPHP, le service d’élite de la police nationale. Les policiers sont nerveux, signe que la tension est là, palpable.

A l’intérieur de la salle d’audience, un curieux mélange de proches de la victime et des accusés côtoient les représentants de la presse. On reconnaît les parents discrets d’Audrey, la jeune femme «appât» qui n’est pas allée jusqu’au bout de sa mission. Plus loin, deux femmes élégantes aux traits fins fixent le box des accusés: la mère et la tante de Yalda, la jeune femme qui avait séduit Ilan, qualifiée «d’ange de la mort» par l’avocat de la famille Halimi. Sur un autre banc, encadrée par des éducatrices, on reconnaît sa jeune sœur (elle est handicapée mentale), les yeux rougis par les larmes.

Le box s’amuse

C’est dans le box des accusés que l’ambiance est nettement plus détendue. Qu’est-ce que certains on rigolé et chahuté ce soir-là ! Là aussi, bonne humeur et décontraction sont de rigueur, et elles semblent avoir même gagné le gardien Gilles Serrurier qui, abruti par les calmants, apparaissait totalement éteint le premier jour du procès. Jérôme Ribeiro, envoie des bisous aériens à ses proches, «Moko», à moitié sorti de l’ouverture du box scrute l’assistance, Tifenn la Bretonne et Alexandra la Marseillaise agitent leurs tignasses blondes. Ça bavarde, ça s’agite. On se lève, on se rassoit. On rajuste son jean taille basse et son T-shirt moulant, on déploie son jeune corps sculpté. Une façon peut-être d’évacuer la tension de ces dix semaines de débats, l’expression d’un soulagement aussi de ne plus avoir en face de soi la mère et les sœurs d’Ilan Halimi, qui ce soir sont restées à la maison pour cause de shabat. Dans l’endroit réservé aux parties civiles, on ne reconnaît que les précédentes cibles du gang qui, eux, ont beaucoup plus de mal à cacher leur nervosité et évitent les regards de l’assistance.

Des peines clémentes

C’est dans l’absence de la famille d’Ilan Halimi et dans cette ambiance quelque peu surréaliste que la présidente du tribunal, Nadia Ajjan, entame la lecture du verdict. Elle a envie d’aller vite, tellement vite que le public a du mal suivre lorsqu’elle égrène d’une voix mécanique les réponses des jurés aux questions, puis les peines prononcées. On retient la perpétuité pour Fofana, les quinze ans pour «Zigo», le mineur accusé d’avoir le plus malmené l’otage. Pour les autres, toutes les peines réclamées par le ministère public sont revues à la baisse par les jurés: 18 ans et non 20 pour «Craps» et «Smiler», deux personnes considérés comme des adjoints de Fofana et, surtout, 9 pour Yalda plutôt que les 10-12 suggérés par l’avocat général.

Dans la salle, certains haussent les sourcils, d’autres se félicitent. Et c’est déjà fini, on nous demande d’évacuer. Les proches des accusés se précipitent vers le box; Me Szpiner a déjà entraîné les journalistes dans une farandole folle en dehors de la salle. Des proches des parties civiles quittent la salle en râlant; l’un d’eux mime le « sourire berbère » (l’égorgement) à l’adresse des accusés. «Peines minables, ridicules, dit un autre. Aux Etats-Unis on condamne quelqu’un à 150 ans de prison parce qu’il a volé de l’argent! Alors qu’en France…».

Devant le box, c’est l’heure des adieux: la sœur de Yalda fond en pleurs avant de s’enfuir. Les proches de Jérôme, eux, s’attardent, tentent de communiquer avec le détenu. Un petit groupe se forme des deux côtés de la vitre, Alexandra et Tifenn sont là, également: «Tenez bon les filles, on s’écrit!». Avec les doigts de ses deux mains, Jérôme tente de rassurer ses amies: «J’ai pris dix ans. Dans deux, je me casse». Les gendarmes se font plus pressants : «Il faut évacuer maintenant, Monsieur!».

Epilogue ou premier round ?

La suite du procès se joue de nouveau en dehors de la salle, dans la confusion des micros et des caméras de télévision. Prévoyants, certains ont même apporté des escabeaux pour pouvoir prendre de la hauteur. Logiquement, Me Szpiner est le plus attendu. Il bouillonne, mais il pose sa voix de stentor, dit «respecter la volonté des jurés». Il se félicite que l’antisémitisme soit retenu comme circonstance aggravante dans les peines infligés à Fofana et «Zigo». Mais il ne peut pas accepter les peines à l’encontre des autres membres du gang, trop faibles, notamment celle de Yalda. «Dans quelques années, Mme Halimi pourra croiser dans la rue celle qui a envoyé son fils à la mort», dit-il. Les parties civiles ne pouvant pas faire appel, il invite le ministère public et, personnellement la garde des Sceaux, à faire appel de ces condamnations.

Du côté des avocats de la défense, le son de cloche est sensiblement différent. Ils se félicitent du «juste équilibre» des peines, flattent le tribunal et les jurés qui ont su éviter l’écueil d’une «justice pour l’exemple». Françoise Cotta, conseil de Gilles Serrurier, Didier Seban, conseil de Nabil Moustapha, se livrent à un véritable cours de droit pénal face aux journalistes. Il y est question, une fois de plus, de responsabilité individuelle et collective, de crime raciste et de motifs crapuleux. En les écoutant, on réalise que ce sont eux qui ont «gagné» ce procès et, au passage, une belle exposition médiatique.

Me Szpiner est déjà parti annoncer le verdict à la mère d’Ilan, Ruth Halimi qui, tout comme son père, a été absente ce soir-là. Dans son esprit, ce n’est que partie remise: si son appel est entendu et le parquet interjette la décision des jurés, un nouveau procès aura lieu et sans huis clos cette fois-ci. Fofana peut, lui aussi, faire appel dans un délai de dix jours de sa condamnation. Dehors, l’agitation de la capitale absorbe rapidement la petite foule qui sort en ordre dispersé du Palais du justice.

Alexandre Lévy

Le verdict

Source : nouvelobs.com

Aux alentours de 22 heures, hier soir, alors que régnait dans le box une grande angoisse, la cour d’assises des mineurs a rendu sa décision. Les peines sont les suivantes :

–    Youssouf Fofana : Perpétuité avec une peine de sûreté de 22 ans.
–    Jean-Christophe S. : 18 ans de prison.
–    Samir A.A : 15 ans de prison.
–    Jean-Christophe G., mineur au moment des faits : 15 ans de prison.
–    Nabil M. : 13 ans de prison.
–    Cédric BSY. : 11 ans de prison.
–    Yahia K. : 11 ans de prison.
–    Fabrice P. : 11 ans de prison.
–    Christophe M. : 10 ans de prison.
–    Jérôme R. : 10 ans de prison.
–    Yalda, mineure au moment des faits : 9 ans de prison.
–    Tifenn : 9 ans de prison.
–    Gilles Serrurier : 9 ans de prison.
–    Alexandra S. : 8 ans de prison.
–    Francis N’G. : 7 ans de prison.
–    Guiri N’G : 6 ans de prison.
–    Franco L. : 5 ans de prison.
–    Sabrina F. : 3 ans de prison.
–    Jérémy P. : 3 ans de prison.
–    Alcino R. : 8 mois de prison.
–    Christine G. : 6 mois de prison avec sursis.
–    Audrey L. : 2 ans de prison, dont 16 mois avec sursis.
–    Leïla A. : 6 mois de prison avec sursis, avec effacement du casier judiciaire.
–    Isabelle M. : 6 mois de prison avec sursis.
–    Muriel I. : Acquittée.
–    Alassane D. : Acquitté.

Un ensemble de peines qui se situent globalement légèrement en dessous de celles requises par l’avocat général, Philippe Bilger, mais qui en respectent l’esprit, c’est-à-dire la hiérarchie. Avec deux écarts un peu plus importants : Franco L., défendu par Maître Yassine Bouzrou, écope d’une peine deux fois moins élevée que celle suggérée par l’avocat général (5 ans). Samir A.A, représenté par maître Arnaud Miel, est condamné à 15 années de détention alors que l’avocat général en avait requis 20.

Aucun des accusés n’a pour l’instant envisagé de faire appel de ce verdict. Youssouf Fofana, qui ces derniers jours y songeait, semblait revenir hier soir sur cette idée, considérant qu’une telle décision exposerait ses co-accusés au risque d’écoper de peines plus lourdes encore. Ce qu’il ne souhaite pas.

Après l’énoncé du verdict, les réactions des avocats des parties civiles ont été immédiates. Au pied des escaliers de la cour d’Assises, le conseil de la famille Halimi, maître Francis Szpiner, a déclaré :

« La peine de prison à perpétuité assortie de 22 années de sûreté pour Youssouf Fofana est juste. La cour a cependant été particulièrement indulgente avec les autres accusés. Ce crime est un défi pour la République et la société française. La répression aurait en conséquence dû être exemplaire. Vous le savez, les parties civiles ne peuvent pas faire appel. J’invite donc le Garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie, à demander au parquet général de faire appel de cette décision s’agissant de ceux qui ont participé à l’enlèvement d’Ilan Halimi. Le ministre doit agir en conséquence. Les peines sont inférieures aux réquisitions de l’avocat général qui n’étaient déjà pas d’une énergie extrême. L’intérêt des deux mineurs l’a emporté sur l’intérêt général. »

Maître Muriel Ouknine-Melki, avocate de Jimmy et Mickaël D., a pour sa part exprimé sa déception :

« Je me sens complètement solidaire des déclarations de maître Szpiner. On attendait des peines plus fermes et sans équivoque pour certains, nous ne les avons pas eues. Nous restons toujours dans l’attente d’une réponse que nous n’avons pas reçue. La décision ce soir ressemble fort à un point d’interrogation. Pour moi, la circonstance aggravante pour antisémitisme à l’égard du mineur à l’époque des faits, Jean-Christophe G., n’a pas joué son rôle en terme de quantum de peine. Elle n’a pas été prise en considération à son juste niveau, alors qu’elle était pour nous un enjeu majeur. Il ne s’agissait pas d’instrumentaliser un procès, mais bien de répondre à la question de l’antisémitisme des banlieues qui a permis d’arriver à ce crime. Mais en ce qui me concerne, cette affaire s’arrête là. »

 

 

Maître Xavier Filet, avocat de la petite amie d’Ilan Halimi:

 

 

« Ma cliente est déçue par le verdict. Je fais miennes les déclarations de maîtres Francis Szpiner et Muriel Ouaknine-Melki, et je tiens à dire que notre position est unanime du côté des parties civiles. Je considère que cette décision est un jugement en trompe-l’oeil. Youssouf Fofana a pris le maximum et c’est bien normal. Mais pour les autres, les petites mains, j’estime que c’est peu cher payé. Avec le jeu des remises de peines, certains accusés auront passé plus de temps en prison avant le procès qu’après… »

Du côté de la défense, l’avocate de Jean-Christophe G., maître Martine Scemmama, a indiqué :

« Ce verdict est une vraie leçon de lucidité et de responsabilité adressée à tous les accusés. J’ai le sentiment que l’humanité d’Ilan Halimi, bien au-delà de son statut de victime, a été reconnu à l’audience. Parmi les accusés, les uns et les autres l’ont dit : « on a vieilli, on a aussi grandi ». Pour ce qui concerne mon client, Jean-Christophe G., mineur à l’époque des faits, et contre lequel la circonstance aggravante d’antisémitisme a été retenue, j’aurais apprécié qu’on reconnaisse que ce jeune a été emporté par la violence de Youssouf Fofana. »

Maîtres Didier Seban, et Karine de Carvalho, avocats de Nabil M. :

« Un équilibre a été recherché dans les peines. C’est une décision de justice respectable, avec des condamnations proportionnelles aux responsabilités de chacun ».

Maître Françoise Cotta :

« L’hypothèse d’un appel de cette décision ordonnée par la Garde des Sceaux ne tient pas debout. Rien ne le justifierait si ce n’est un motif idéologique, dans la mesure où la cour a suivi les réquisitions de l’avocat général. »

Maître Yassine Bouzrou, avocat de Franco L. :

« Dans l’ensemble, les réquisitions de l’avocat général ont été suivies. Sauf dans certains cas, où la Cour d’Assises n’a pas du tout soutenu les thèses de l’accusation. Notamment en ce qui concerne mon client, Franco L. Celui-ci a été acquitté pour cinq des six infractions qui lui étaient reprochées. Rappelons aussi qu’il fait partie de ceux qui, parmi les 27 accusés dans le box, n’ont rien à voir avec l’affaire Ilan Halimi. La reconnaissance de son innocence pour les tentatives d’enlèvements sur Zouhair W., Jacob G., et Mickaël D., est logique. En matière pénale, le doute doit en effet profiter à l’accusé. »

 Elsa Vigoureux

Verdict : La peine maximale pour Fofana

Source : lci.fr

Ils ont délibéré durant plus de deux jours (lire notre article : dans les coulisses d’un délibéré). Le verdict est finalement tombé vendredi soir tard, après deux mois et demi de procès. Sourire en coin, Youssouf Fofana l’a accueilli en mimant des applaudissements. Le chef du « gang des barbares » de Bagneux a été condamné vendredi à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une peine de sûreté incompressible de 22 ans pour l’enlèvement, la séquestration et l’assassinat du jeune juif Ilan Halimi en 2006, par la cour d’assises de Paris qui reconnaît le caractère antisémite du crime. C’est la peine maximale prévue par la loi.

Ce Français d’origine ivoirienne de 28 ans, a reconnu le 28 mai dernier au procès à huis clos (car deux des 26 accusés étaient mineurs au moment des faits) avoir porté seul les coups fatals au jeune juif de 23 ans, enlevé le 20 janvier 2006 dans le but d’obtenir une rançon après avoir été séduit par une jeune fille ayant servi d’appât.

9 ans pour la jeune fille qui a servi d’appât
 
24 des 26 autres accusés ont été condamnés à des peines allant de 18 ans de réclusion à six mois de prison avec sursis. Entre autres : les deux complices jugés les plus actifs, Samir Aït Abdelmalek, 30 ans, et Jean-Christophe Soumbou, 23 ans, ont écopé respectivement de 15 et 18 ans de réclusion, et la jeune fille qui avait servi d’appât, mineure au moment des faits et aujourd’hui âgée de 21 ans, a été condamnée à neuf ans de prison.

Les condamnés sont reconnus coupables d’avoir participé à l’enlèvement, la séquestration, ou à des délits en lien avec ces crimes, notamment le fait de n’avoir pas alerté la police alors qu’ils savaient qui détenait le jeune homme et où. Les deux derniers accusés ont été acquittés.

Verdict contesté

D’une manière générale, les peines sont un peu inférieures aux réquisitions. Se « réjouissant » que Youssouf Fofana ait écopé de la peine maximale prévue par le droit français, l’avocat de la famille d’Ilan Halimi a en revanche aussitôt demandé à la ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, de susciter un appel du parquet général concernant les sanctions prononcées contre les 26 coaccusés de Youssouf Fofana, qu’il juge trop faibles. « Je regrette que la cour ait fait preuve d’une particulière bienveillance pour ceux qui ont aidé ou assisté Youssouf Fofana », a déclaré Me Szpiner. « Je ne peux qu’inviter madame le garde des Sceaux, qui est en charge de l’ordre public, à inviter le procureur général à interjeter appel de la décision qui vient d’être rendue », a-t-il dit. « Les peines qui concernent les geôliers et l’appât sont pour la famille Halimi des peines qu’elle a du mal à comprendre et à accepter (…) Il appartient maintenant à la ministre de la Justice d’agir en conséquence », a-t-il ajouté.

La défense juge au contraire le verdict adapté au dossier, aucun accusé ne se voyant reprocher l’assassinat à part Fofana. « C’est un verdict conforme à ce qui fut la responsabilité de chacun », a dit l’avocat d’un complice de Fofana.
 
Cette affaire est devenue emblématique de l’antisémitisme en France. Séquestré nu, entravé et torturé pendant 24 jours dans une cité HLM de Bagneux, dans les Hauts-de-Seine, , avant d’être brûlé vif et poignardén, Ilan Halimi avait été retrouvé agonisant au bord d’une voie ferrée de l’Essonne le 13 février 2006. Il était mort lors de son transfert à l’hôpital. Exhumé et enterré à Jérusalem en février 2007, il est devenu un martyr de la communauté juive.

Juste avant le verdict…

Source : nouvelobs.com

C’est aujourd’hui que la cour rendra son verdict en audience publique. Pas avant 17h30 pour des raisons de sécurité, ou en début de soirée, et peut-être bien avant 20h15, heure de début de Shabbat. Ce qui permettrait à la famille d’Ilan Halimi de venir, si elle le souhaite. Les débats concernant les intérêts civils pourraient avoir lieu dans la foulée, ou le lendemain.

Dans l’attente du verdict, de nombreux messages appelant à la mobilisation dans la communauté juive circulent déjà sur le net. Une manifestation est même programmée lundi place Vendôme. Devant cette ébullition à l’approche de la décision de la Cour d’Assises, le CRIF a tenu  à rappeller officiellement « son attachement et sa confiance dans le fonctionnement régulier de la Justice. Il n’entend faire aucun commentaire jusqu’au prononcé du verdict et réprouve toute démarche qui pourrait dans cet intervalle attenter à la sérénité des débats ». Le président du CRIF, Richard Pasquier, sera présent cet après-midi au palais de justice. Pour lui, « l’émotion autour de ce procès est très grande. Le souffle été retenu pendant des semaines, maintenant le problème du shabbat est vécu comme un obstacle supplémentaire. Ce serait vraiment bien venu que la décision de la cour tombe avant 20h15 ».

 

Dans la salle d’audience, plusieurs rumeurs ont couru ces derniers jours. Youssouf Fofana pourrait bien  faire appel de sa condamnation. Et l’avocat de la famille Halimi a prévenu de son côté depuis longtemps qu’il mettrait tout en œuvre pour « déclencher » un appel, et réviser la loi concernant le huis-clos réservé aux mineurs, espérant ainsi qu’un nouveau procès ait lieu. Ce qui avait gêné de nombreux avocats, alors que les débats étaient toujours en cours. L’avocat de la famille Halimi aurait ainsi d’emblée remis en cause un verdict toujours inconnu aujourd’hui, et qui sera rendu dans quelques heures au nom du peuple français.

La loi prévoit désormais la possibilité de faire appel d’une telle décision en matière pénale. Ce droit cependant strictement réservé à la défense et à l’accusation, représentée par le parquet général. Aucun recours n’est prévu pour les parties civiles, une fois le verdict rendu. L’esprit de la loi considère en effet que c’est à la société et pas aux victimes, par la voix de l’accusation, de demander à nouveau justice si elle s’estime lésée. Seul un appel sur les intérêts civils, c’est-à-dire les dommages et intérêts liés à la réparation du préjudice subi, reste envisageable, si les parties civiles ne sont pas satisfaites.

Un procès pour rien?

Source : slate.fr

Après les réquisitions de l’avocat général et les plaidoiries de la défense, les jurés se sont retirés, mercredi 8 juillet, pour délibérer. Ils devront prononcer les peines les «plus justes» à l’encontre des 27 accusés du rapt et de l’assassinat d’Ilan Halimi, ce jeune vendeur juif de téléphones portables à Paris. Le verdict est attendu vendredi dans la soirée ou samedi matin.

A l’encontre du principal accusé, Youssouf Fofana, l’avocat général a requis la peine maximale: l’emprisonnement à perpétuité avec 22 ans de sûreté. Pour les autres, les sanctions réclamées s’échelonnent entre 20 ans de prison pour les principaux lieutenants, une dizaine d’années pour les geôliers, et des peines plus légères pour les autres.

Pendant ces dix semaines de débats, nous nous sommes contentés de ramasser les miettes des débats qui se sont tenus à l’écart des regards extérieurs à cause des deux mineurs (au moment des faits) parmi les accusés.

C’est pour cela qu’il est d’autant plus difficile de tirer, à la veille du verdict, un premier bilan d’un procès pas comme les autres, un procès sur une affaire à la fois terriblement banale et exceptionnelle par sa fin tragique. Constatons seulement que :

1) En dix semaines d’audience, le débat à fonction «pédagogique» tant espéré par la famille d’Ilan Halimi sur cet nouvel antisémitisme des banlieues n’a pas eu lieu. Tant à cause du huis-clos que de la volonté de la plupart des avocats de la défense de réduire cette affaire aux agissements d’une bande de «petits voyous» qui se sont embarqués dans cette entreprise criminelle pour des motifs uniquement crapuleux.

A cela se sont ajoutées des manœuvres de diversion, visant notamment le travail de la police et celui de la presse, accusées tour à tour d’avoir fabriqué «l’affaire Ilan Halimi». Fidèle à sa réputation, l’avocat des parties civiles Me Francis Szpiner a bien tenté de porter le débat sur l’antisémitisme et l’omerta des banlieues à l’extérieur de la salle d’audience et il a été, parfois avec raison, vertement critiqué par ses pairs.

2) Le silence des banlieues, justement. Ce procès était aussi très attendu pour mettre un nom et une adresse aux deux complices de Jean-Christophe Soumbou, alias «Craps», qui l’auraient assisté dans les entreprises d’enlèvement commandités par Youssouf Fofana. Ces derniers n’ont jamais pu être identifiés par la police, et «Craps» qui s’est rendu de lui-même aux forces de l’ordre quelques semaines après la mort d’Ilan Halimi, s’est toujours refusé à les nommer. Trop dangereux, à la fois pour lui que pour sa famille, a-t-il expliqué.

Pendant le procès, il n’a pas bougé d’un iota, prenant le risqué d’être condamné à l’une des peines les plus lourdes (20 ans), plutôt que de livrer les noms de ces deux individus qui courent toujours. Or, selon certaines versions, leur rôle ne s’est peut-être pas limité à kidnapper Ilan Halimi…

Afin d’expliquer ce silence, ainsi que celui qui a accompagné les 24 jours de calvaire d’Ilan Halimi, certains avocats de la défense ont justement rappelé dans leur plaidoirie «la loi des cités selon laquelle on ne dénonce pas». Une loi contre laquelle la justice est restée impuissante.

3) Un procès d’assises, c’est aussi l’occasion pour les proches de la victime de se confronter aux accusés, de se replonger dans l’horreur des faits afin de comprendre ce qui s’est vraiment passé, dans les moindres détails fussent-ils les plus sordides. Un processus pénible et douloureux mais nécessaire pour commencer le travail de deuil et espérer trouver, un jour, la paix. Un procès d’assises, c’est aussi l’occasion d’entendre éventuellement des regrets et des excuses.

De ce point de vue-là, la famille d’Ilan Halimi ne peut être que terriblement déçue. Le principal accusé, fidèle à sa réputation, a multiplié les provocations et gagné le monopole de l’attention des médias. Que retiendra-t-on de ce procès dont les principaux points forts semblent correspondre aux facéties de Fofana? On dit de lui qu’il a «avoué» le meurtre d’Ilan Halimi, mais il ne s’agit, en fait, que d’une demie phrase prononcée du bout des lèvres après un mois de procès. «Oui, c’est moi que l’ai fait, vous savez bien que je l’ai fait». Une phrase qui exprimait davantage son agacement qu’autre chose. Et il a refusé de raconter ce qui s’est exactement passé la nuit du meurtre, un silence qui, ajouté à celui de «Craps», est un deuxième enfer pour les parties civiles.

Les autres prévenus ont, certes, exprimé à plusieurs reprises des regrets et des excuses à l’égard de la famille. Feints, sincères ou demandés par leurs avocats. Cela a-t-il pu soulager la douleur de la famille ? Plutôt que les regrets des deux mineurs, «Yalda» et «Zigo», respectivement l’appât et celui qui est accusé d’avoir le plus violenté l’otage «parce qu’il était juif», la mère d’Ilan Halimi aurait préféré qu’ils lèvent le huis-clos comme la loi les y autorise. Ils ont refusé.

4) Quelques jours avant le procès, Ruth Halimi avait expliqué qu’elle allait assister aux séances pour essayer de retrouver un peu «d’humanité» chez les ravisseurs de son fils. En grande partie grâce au travail de leurs défenseurs, c’est effectivement ce qui est le plus ressorti des rares comptes-rendus des audiences. Des jeunes gens paumés, à l’enfance difficile, malmenés par les flics, abandonnés par la société…

On s’est beaucoup attardé sur leurs conditions de détention, sur de possibles bavures policières, sur leur volonté de rompre avec le discours et l’attitude de leur caïd… Dans la foulée, certains des avocats ont demandé l’acquittement de leur client. En revanche, très peu a filtré sur l’étonnante facilité qu’ils avaient à commettre le mal et l’absence totale de remords, ou ne serait-ce que de questions, au moment des faits.

Alexandre Levy

Le dernier jour d’audience

Source : NouvelObs.com

Les journalistes sont revenus comme au premier jour. A l’angle de la galerie Lamoignon et de la salle des pas perdus, ils attendent. Et maître Szpiner, avocat de la famille Halimi, arrive avec un peu de retard, vers 10h30 ce mercredi. Caméras et micros se déplacent vers lui en un mouvement, forment un cordon autour de l’avocat, l’accompagne jusqu’à l’entrée de la salle d’audience. Francis Szpiner aime ça, son sourire réprimé en témoigne. La cour a déjà commencé à donner la parole aux accusés quand il s’installe en face d’eux. Interrogés par ordre alphabétique, tous ont exprimé tour à tour regrets, excuses, pardons. Youssouf Fofana a tenté de réserver sa parole pour la fin. Ce qui lui a été refusé sur protestations des avocats Didier Seban et Françoise Cotta, entre autres. Alors Fofana a commencé par dire en arabe: « Il n’y a qu’un seul Dieu, c’est Allah ». Et puis, content de lui, il a dégainé sa petite phrase préparée à l’avance : « Il vaut mieux vivre un jour comme un lion que cent jours comme un mouton ». La formule n’est cependant pas de Youssouf Fofana, mais de David Ben Gourion, militant sioniste, ancien premier ministre d’Israël dans les années cinquante.

Parmi les autres accusés, Guiri N’G., geôlier pendant trois heures d’Ilan Halimi, a tenu à cette distinction : « Je n’ai pas les mêmes idées que Youssouf. J’ai réfléchi, je regretterai toujours ma passivité. J’ai gâché ma vie… » Gilles S., le gardien d’immeuble qui a donné les clefs de l’appartement où Ilan Halimi a été séquestré, a quant à lui remercier la cour pour sa patience, et ajouté : « Je ne savais pour Ilan Halimi. Je n’ai pas participé à ces atrocités ». Jérôme R., le geôlier qui s’est retiré au bout de six jours, a assuré avoir « dit la vérité. Mon émotion était sincère. J’aurais toujours une pensée pour Ilan et sa famille ». Samir A.A, celui à qui le gardien d’immeuble a remis les clefs, celui qui a blessé Ilan Halimi au cutter, a demandé « pardon pour le mal que j’ai fait », et remercié son avocat, Maître Arnaud Miel. Alexandra S., appât dans des tentatives d’enlèvements précédant le rapt d’Ilan Halimi, s’est excusé auprès de la famille de Mickaël D. : « On me fait passer pour une menteuse mais j’ai dit la vérité. J’ai pris mes responsabilités, les autres font ce qu’ils veulent ». Audrey L., appât qui n’a jamais accepté sa mission, celle qui s’est rendu au commissariat quand son portrait-robot à été diffusé en février 2006, a dit : « J’ai pu paraître froide, je ne le suis pas à l’intérieur. Je n’ai pas de regrets parce que j’ai dit non à Youssouf Fofana, mais j’ai des remords parce que je n’ai pas parlé ». Jean-Christophe S., complice, avec deux inconnus dont il a refusé de donner les noms, de l’enlèvement d’Ilan Halimi, a confié : « Je regrette le mal que j’ai commis. C’st impardonnable. J’accepte d’être condamné pour ce que j’ai fait, pas pour ce que je n’ai pas fait ». Sabrina F., complice de tentative d’enlèvement, a déclaré : « Tout a été dit. Je suis désolée pour ce que j’ai fait, mais aussi pour ce que je n’ai pas fait ». Nabil M., geôlier d’Ilan Halimi, n’a eu qu’un mot : « Pardon ». Tifenn G, la « rabatteuse », a juste dit : « Je regrette, je m’en veux ». Isabelle M., qui comparaissait libre pour n’avoir pas dénoncé le crime, a évoqué « trois ans de réflexion et de difficultés. Ma place, je la comprends, je la mérite. Les accusés, les avocats, tous, on s’est battu comme des lions. J’aurais pu faire quelque chose, mais je ne l’ai pas fait ».

Après ça, la présidente Nadia Ajjan a levé la publicité restreinte, clos les débats. Le jury s’est alors retiré pour délibérer jusqu’à 18 heures dans la chambre du conseil. Ensuite, tous partiront s’installer dans un hôtel de la capitale, où ils resteront au moins jusqu’à vendredi soir, enfermés, protégés de tout commentaire, de toute pression. La présidente a indiqué que les choses pouvaient durer : « on mettra le temps qu’il faut ». 

Les accusés n’avaient aujourd’hui pas le même visage qu’au premier jour du procès. Ils étaient comme soulagés. La bande de « barbares » ressemblait surtout à une bande de gamins, les unes parlant à travers la vitre du box avec leurs mamans, les autres remerciant chaleureusement leurs avocats. Tous tardaient à partir, traînant dans le box comme on peine à prendre congés de quelqu’un avec qui l’on vient de tisser un lien de confiance inédit. Gilles S. qui était apparu abattu, bourré de médicaments au premier jour, termine ce procès la tête droite, le regard vif, concerné et mobilisé par ce qui vient de se jouer. Ils remercient presque tous leurs avocats. Youssouf Fofana, sourire aux lèvres, est sorti le dernier du box. Il faisait dos à la salle lorsque les gendarmes lui ont enfilé ses menottes. Il s’est retourné, il a lancé : « la roue tournera ».
Les accusés qui comparaissaient libres ont quitté le tribunal sous escorte, entourés de gendarmes. La presse était tenue à l’écart derrière des barrières. Quand les avocats sont sortis, tous se sont dirigés mécaniquement vers la sortie. Sauf un : Francis Szpiner, seul derrière sa barrière, face aux caméras.

Elsa Vigoureux

Le bloc-notes de B.-H. L. sur Ilan Halimi

Source : le bloc note de Bernard-Henri Lévy sur Facebook

C’est dans quelques jours, le 11 juillet, que sera rendu le verdict du procès des assassins d’Ilan Halimi.

On rappellera, pour mémoire, qu’Ilan Halimi est ce jeune Français kidnappé le 21 janvier 2006, en région parisienne, et retrouvé, le 13 février, le long d’une voie ferrée, torturé à mort, brûlé vif, son corps comme une plaie, jeté là comme un chien, agonisant, bientôt mort.

On rappellera, pour mémoire, que la France est ce pays où, comme Daniel Pearl à Karachi, je dis bien comme Daniel Pearl, je dis bien à Karachi, un homme peut être, au vu et au su de tout un quartier, séquestré, transporté d’un lieu à un autre, affamé et nourri, assassiné à petit feu, torturé, changé de mains quand les bourreaux fatiguent, déplacé encore, et ce pendant vingt-quatre jours.

On rappellera, pour mémoire, que les complices de cet acte atroce, le gardien de l’immeuble de Bagneux qui prêta sa chaufferie, la jeune femme pudiquement baptisée l’appât, le livreur de pizzas, le geôlier que les cris d’Ilan empêchaient de fumer en paix et qui, pour l’obliger à se taire, lui écrasa son mégot brûlant sur le front, les autres, tous les autres, eurent vingt-quatre jours, je dis bien vingt-quatre jours, autant dire une éternité, pour s’émouvoir de ses hurlements, s’inquiéter de son corps flambé, déchiqueté au cutter, sanglant, se reprendre, rompre le pacte de silence qu’ils avaient contracté et, d’un coup de téléphone, d’un seul, mettre fin à son calvaire – on rappellera, pour mémoire, qu’aucun n’eut ce réflexe élémentaire d’humanité.

On rappellera, pour mémoire, que Youssef Fofana, le chef du gang, est un antisémite de la plus simple, de la plus pure, de la plus bête et bestiale des espèces: celle qui, ne -sachant rien et ne voulant rien savoir de rien, ne sachant pas que le destin juif, à travers les âges, a d’abord rimé, et rime souvent encore, avec humiliation, dénuement, misère, nourrit le cliché monstrueusement idiot – mais l’idiotie, dans ce genre d’affaire, est une circonstance, non atténuante, mais aggravante – du juif riche, on dit aujourd’hui « pété de thunes », et objet, pour cela, de cette cruauté froide, calculée, que seule la mort pouvait arrêter.

On rappellera, pour mémoire, qu’il se trouva, à l’époque, de bons esprits pour, non pas vraiment justifier ce meurtre, mais l’expliquer, l’excuser, le situer dans son contexte qui était celui, disait-on, de la fameuse crise des banlieues et de son cortège d’autres misères – comme si la misère était une raison! comme s’il y avait une misère au monde qui excusât que l’on s’empare d’un homme, que l’on tourmente son corps et profane son visage! comme si ce n’était pas faire insulte à la misère elle-même que d’oser établir un lien, n’importe quel lien, entre elle et ces garçons et filles d’abattoir qui s’évertuèrent, vingt-quatre jours durant, à humilier, mutiler, marquer comme un animal, incendier, saigner -enfin, le plus innocent des hommes et ce, je le répète, au seul motif qu’il était juif.

On rappellera, pour mémoire, qu’il s’en trouva d’autres, à moins que ce ne fussent les mêmes, pour, dans les jours qui suivirent la découverte, près de la gare de Sainte-Geneviève-des-Bois, de ce corps supplicié, exsangue, auquel ne restait qu’un mince souffle de vie, hésiter sur la qualification de l’acte, s’interroger doctement sur son mobile réel et ânonner: «attention! attention! crime crapuleux d’accord, crime antisémite peut-être pas! » – comme si les deux n’allaient pas de pair; comme si l’antisémitisme n’était pas aussi, toujours, de l’ordre du crapuleux; comme si le nazisme par exemple, le nazisme historique lui-même, n’avait pas été aussi, d’abord, une entreprise d’extorsion de fonds, une spoliation, une escroquerie massive et à l’échelle de l’Europe!

On rappellera, pour mémoire, le nombre de bons apôtres qui, jusque dans les rangs de la police, et jusqu’au faîte de la hiérarchie judiciaire, et jusque dans la presse la mieux intentionnée, s’adressèrent ainsi aux juifs: «pour le bien des juifs, eh oui, pour leur bien, pour ne pas crier trop tôt au loup et se trouver, quand le loup sera venu, comme la cigale, bien démuni, nous vous exhortons à la prudence, à la retenue sémantique, à ne pas entonner les grandes orgues, justement, du retour de la Bête et du nazisme» – comme si ce n’était pas assez, pour crier au loup, de cet homme-agneau égorgé! comme s’il fallait attendre, pour nommer la Chose, qu’elle daigne se couler dans les mots, les codes, les définitions convenus!

On eût aimé que le ministère public, par la voix de l’avocat général, rappelât ces vérités.

On eût aimé que ce fût lui, c’est-à-dire la société, qui tirât parti de ce procès pour s’acquitter de ce devoir et tourner, avec nous, le dos à ce ramassis d’idées fausses et, si l’on n’y prend garde, funestes pour l’avenir.

Hélas, il n’en fut rien. Et nous n’eûmes droit, en guise de réquisitoire, qu’à un exercice de casuistique dont la confusion, les prudences, les embarras à peine déguisés face à ce crime commis en commun et hors normes, les incohérences, surprirent les observateurs. La famille d’Ilan, quant à elle, en fut abasourdie. Elle a tout perdu. Tout. Jusqu’à la force de pleurer. Ne lui reste, il faut le savoir, que l’humble mais ferme espoir de voir dite la justice. Il est temps.

Fin des débats au procès du « gang des barbares », la cour va délibérer

Source : AFP

PARIS (AFP) — La cour d’assises des mineurs de Paris, jugeant Youssouf Fofana et 26 personnes accusées avec lui d’avoir séquestré et torturé à mort le jeune Juif Ilan Halimi en 2006, s’est retirée pour délibérer mercredi peu avant 11H00, après dix semaines de débats à huis clos.

Le verdict devrait être rendu vendredi ou samedi après que magistrats et jurés auront arrêté leur décision dans un lieu tenu secret à Paris. La présidente n’a donné aucune indication sur la durée des délibérations, selon une source judiciaire.

La peine maximale — la perpétuité avec 22 ans de sûreté — a été requise le 30 juin contre Youssouf Fofana, 28 ans, qui a reconnu durant le procès l’assassinat d’Ilan après 24 jours de séquestration. Le jeune Juif, retrouvé agonisant au bord d’une voie ferrée dans l’Essonne, le 13 février 2006, est mort lors de son transfert à l’hôpital.

Les 26 autres accusés, dont deux qui étaient mineurs au moment des faits, ont été visés par des réquisitions allant de la prison avec sursis jusqu’à 20 ans pour les deux complices jugés les plus actifs, sans compter deux acquittements.

Youssouf Fofana, coutumier des provocations, qui avait refusé mardi que ses deux avocats commis d’office plaident pour lui, a usé de son droit à s’exprimer une dernière fois mercredi pour lancer des propos nébuleux.

« Il vaut mieux vivre un jour comme un lion que 100 jours comme un mouton », a-t-il dit, enchaînant ensuite, selon des témoins, avec des paroles en arabe. « Nous n’avons pas de traducteur », l’a interrompu la présidente Nadia Ajjan.

« J’ai été un mouton mais je me suis battue comme un lion pendant cette audience de deux mois », a affirmé en écho à Fofana une coaccusée de 22 ans comparaissant libre pour non dénonciation de crime.

Selon une source judiciaire, la tonalité générale des derniers mots des accusés, hormis ceux de Fofana, était à « la demande de pardon ».

« Ce poids-là je l’ai depuis trois ans et je l’aurai toute la vie », a déclaré un des deux accusés « mineurs » contre lequel 15 ans de réclusion ont été requis notamment pour détention arbitraire et acte de barbarie à caractère antisémite.

Tenus à l’écart depuis l’ouverture des débats le 29 avril (le huis clos est de droit aux assises des mineurs), les journalistes ont pu accéder à la salle d’audience mercredi matin pour constater le départ de la cour. Le verdict doit être rendu publiquement.

Les huit accusés libres, auxquels la loi impose de rester à la disposition de la justice pendant le délibéré, attendront le verdict dans un appartement meublé au sein du palais du justice sous la surveillance des gendarmes.

Fin des plaidoiries avant les derniers mots des accusés

Source : Nouvelobs.com

La plaidoirie très controversée de Thomas Bidnic, avocat de Christophe M., faisait encore causer ce mardi en salle d’audience. « Même les accusés dans le box ont réagi et trouvé déplacée son intervention », a confié un avocat de la défense. Un autre s’est demandé « pourquoi au fond il a accepté de prendre la défense de Christophe M. dont il n’a quasiment pas parlé dans sa plaidoirie ». Et même du côté des parties civiles, certains conseils ont déclaré ne « pas cautionner les propos et accusations à l’encontre de l’avocat général » tenus par maître Thomas Bidnic.

Si bien que maître Arnaud Miel, avocat de Samir A.A, a commencé sa plaidoirie ainsi : « Je vais dire ce que beaucoup ont pensé hier ». Que maître Thomas Bidnic s’était livré à des attaques personnelles contre l’avocat général Philippe Bilger, qu’ainsi il était sorti de son rôle. Me Miel a insisté, les avocats ne sont pas là pour ça, mais bien pour assurer la défense de leur client. Ici, Samir A.A, trop souvent présenté comme le second chef, le deuxième boss, a déploré l’avocat. Arnaud Miel a décrit un système, une organisation, qui n’avait rien d’une hiérarchie pyramidale, qui ressemblait plutôt à un agrégat de cellules autonomes.
Enfin, l’avocat a demandé à la cour de « ne pas juger son client à cause de sa sale gueule ».

Françoise Cotta, avocate de Gilles S., le gardien d’immeuble de la rue Prokofiev, a quant à elle commencé sa plaidoirie en donnant lecture d’extraits d’une lettre de son client. L’écriture d’un enfant de sept ans, pour dire les maux d’un type de 40 ans : « Je suis né le 25 janvier 1967, j’ai ête élever par ma grand-mère la mère de mon père. J’avais ma grand-mère et mon grand-père son deuxième marie et mon frère (…). J’ai perdu mon grand-père a 5 ans donque ma grand-mère nous a garder moi et mon frère toute seule. Je suis allez à l’école jusqua la classe de CM2. J’ai redoubler le CP (…) par ce que je pensez à mon grand-père qui ête plus la, et qu’en je voyer mes copins qui eu avais une maman a la sortie de l’école et moi qui rentré avec mon frère une fois mon frère ma demander gilles pour cois nos copins on une maman et un papa et pas nous je ne sais plut se que j’ai dit à mon frère. Je me rappelle que javais demander a ma grand-mère, mami pour qu’oi nous on a pas une maman et un papa elle ma répondu vous avez un papa m’ai pa de mère. J’ai vue mon père la premier fois a lage de 6 ou 7 ans (…) je me souvien que javais demander a mon papa, papa pourqu’oi Maurice et moi on vie pas avec toi il nous a dit il na pas de place dans son appartement. »

Et l’avocate a dit aux jurés qu’il doit répondre à une liste de 12 questions, en plus de celles qui lui sont déjà posées :

«Un, Gilles S. est-il antisémite ? Vous répondrez que non, car il en crève qu’on puisse penser que oui. Il en crève. » L’avocate a expliqué qu’il y a avait une personne dans le box habitée par « la bête immonde de l’antisémitisme », Youssouf Fofana. Que les autres, quant à eux, « ne savent même pas ce que c’est », être antisémites.

« Deux, connaît-il Youssouf Fofana et la bête immonde qui sommeille en lui ? Vous répondrez que non, parce qu’il en crève. » Gilles S. ne peut pas comprendre qu’on dise de Youssouf Fofana, qu’il est « un type intelligent, alors qu’il a fait ce qu’il a fait », a expliqué Me Françoise Cotta. 

« Trois, connaît-il sa réputation et les théories de son ami Dieudonné ? Vous répondrez que non, parce qu’il en crève. » L’avocate a ajouté que son client était désespéré d’être éclaboussé par l’antisémitisme de Youssouf Fofana.

« Quatre, qui connaît-il dans le box ? Samir, c’est tout, et personne d’autre. » Et quand Gilles S. est devenu ami avec Samir, il était content. Samir était le seul à l’inviter à prendre un café chez lui. Grâce à cette amitié là, on ne l’embêtait pas dans la cité.

« Cinq, Gilles savait-il qui était séquestré, comment et pourquoi ? Vous répondrez que non. »

« Six, Gilles S. est-il lâche ? Oui, il le sait, alors vous répondrez que oui. » L’avocate a dit que son client avait baissé ses pantalons, toute sa vie, comme on l’y avait forcé dans son enfance.

Les jurés devront aussi répondre à la question sept, « aimeriez-vous être gardien de cité, comme Gilles S ? » Celui qu’on appelle quand les toilettes sont bouchées, quand les vide-ordures s’encombrent, quand des tranches de jambon tombent des balcons, quand les poubelles sont pleines. Celui qui gagne 900 euros par mois, qui a vécu la misère et à qui on demande de faire régner l’ordre, rien que ça.

« Huit, feriez-vous vivre à votre enfant la vie imposée au petit Gilles S. ? Non » Parce qu’il y a eu ces viols répétés en foyer, quand Gilles S. était petit. C’est dans la lettre de Gilles S. : «  je me suis fait agrése par deux ados de 16-17 ans il mon dis de faire ce qu’il dis de faire moi j’ai dis non et sais la un des deux ma mie un coup de cutteur au brat, et la deuxime fois ou j’ai dis non encorre non l’autre ma mie un coup de couteau a la main apret je fesait tout ce qu’il me diser de faire et si j’en parler au éducateurs il me ferai pire que ça alor j’ai fais se qu’il me diser de faire, je devait les touchers et la mètre dans ma bouche »

Neuf, « fallait-il se moquer de cet expert qui a osé vous parler d’atténuation de responsabilité ? Vous répondrez que non, mais que oui, on veut comprendre sa vie et pourquoi il était en quelque sorte prédestiné ». Celui qui est venu dire à la barre que Gilles S. était quasiment en pilotage automatique, tant son histoire de misère, d’abandon, de douleurs, l’a programmé pour toujours.

« Dix, faut-il alors condamner Gilles S. et lui permettre d’être rapidement libéré parce que oui, il y a une forte atténuation de sa responsabilité ? La réponse est oui ». Gilles S. a des projets, a assuré son avocate. Il veut s’occuper de personnes âgées, de sa fille, de sa petite-fille. Il dit même que le fait de n’avoir pas eu le courage à l’époque d’appeler, de dénoncer, d’en avoir pris conscience pour toujours, fait qu’il paye.

« Onze, Est-ce que Gilles S. doit payer pour la lâcheté qui est la sienne, est-ce que ça vaut qu’il mette un terme à sa vie ? Là, je n’ai pas de réponse, c’est à lui seul de la trouver. » Gilles S. a commencé le procès drogué, shooté aux médicaments, il le termine en ayant réduit les doses, parce qu’il s’est redressé pendant l’audience, parce qu’il a retrouvé un courage, une force, celle qu’il doit à tous, à la mémoire de la victime, à ses proches, à tous.

« Douze, Gilles S. est-il complice pour avoir sciemment participé à un enlèvement, une séquestration, avec actes de tortures et de barbarie ? Vous répondrez que non ».

Et Françoise Cotta a fini en appelant les jurés à répondre à la lâcheté de son client par un courage extrême. Car à l’inverse des accusés, il faut que les jurés soient des héros, a-t-elle précisé. « Rendez donc la décision que vous devez rendre », a ajouté l’avocate, s’engageant ensuite à communiquer pour défendre l’idée que ce procès n’était pas « la haine des territoires occupés ». Car, « si on amalgame Youssouf Fofana et les autres dans le box, alors c’est le procès qu’on instrumentalise », a conclut Me Françoise Cotta.

A la fin de cette plaidoirie, une jurée a pleuré. Et, selon une source proche de l’intéressé, Gilles S. aurait demandé à son avocate : « C’est bien ce que vous avez dit sur moi. Maintenant, comment je dois faire pour arrêter mon traitement ? »

L’avocat de Nabil M., Maître Didier Seban, a quant à lui débuté sa plaidoirie sur une citation de la Bible au peuple d’Israël avant son entrée en terre promise. C’était, a-t-il expliqué, la condition de la civilisation, ce souci d’instaurer des tribunaux qui diront le droit. La cour d’Assises est un de ces lieux, où se joue un conflit entre des intérêts contradictoires. L’avocat Didier Seban a raconté avoir souvent été du côté des victimes. A ce titre, il sait la volonté qui les anime de connaître la vérité, de punir le coupable. Il sait aussi qu’elles finissent toujours renvoyées à leur profonde solitude, après les procès.

Et Maître Didier Seban a tenu à rendre hommage à l’avocat général, Philippe Bilger. Même s’il n’est pas toujours d’accord avec lui, l’avocat lui a dit ne pas supporter la remise en cause dont il a fait l’objet, la veille, au cours de la plaidoirie de Me Thomas Bidnic.

Ilan Halimi est mort le 13 février 2006. Nabil M. a été interpellé le 17 février 2006. L’avocat a évoqué la mère de son client, la mère d’Ilan Halimi à qui rien ni personne ne ramènera son fils. Il a raconté combien la mère de Nabil M. se sent comptable de la douleur immense de Ruth Halimi.
C’était le 17 février 2006, les policiers sont arrivés à 6 heures du matin. Quand ils ont mis en l’air toute la bibliothèque des livres de cinéma de son mari journaliste, cette femme a compris pourquoi, depuis trois semaines à l’époque, son fils était abattu, silencieux.

Youssouf Fofana avait eu cette force, a expliqué l’avocat, de diviser les tâches, de choisir, d’utiliser des petites mains. Me Didier Seban a rappelé ce que Fofana avait dit à l’audience : «  J’étais tellement aveuglé par mon objectif que les autres ne comptaient pas, je faisais des investissements ». Nabil était plus petit que les autres, maigrelet, un peu dénigré. Si Fofana le respectait, c’était bien pour lui. Il a accepté, il a eu le sentiment de devenir enfin quelqu’un, a continué l’avocat Didier Seban. Ainsi Nabil M. est-il tombé dans l’engrenage, et comme il l’a dit : « je me sentais piégé ». Si, contrairement à d’autres, il n’a pas su partir, c’est bien « parce qu’il était faible », selon Me Seban.

Alors, des tortures, oui, il y en a eu. Et la détention même en était une, a dit Me Didier Seban. Mais il a fait part de son expérience aussi : « J’ai connu d’autres sadiques qui jouissaient du malheur de leurs victimes. Les geôliers ne sont pas des Fourniret, des Emile Louis ».
Et puis l’avocat s’est tourné vers son client. Il lui a expliqué que son père avait eu raison de lui dire qu’il avait trahi ses valeurs, son prénom (qui signifie « chevaleresque, noble »). Il a ajouté que les geôliers n’avaient jamais pensé, ni même imaginé la mort d’Ilan Halimi. Puis il a demandé à la cour : « Si Youssouf Fofana avait fait ce qu’il avait dit qu’il ferait, c’est-à-dire libérer Ilan Halimi, quelle peine leur infligeriez vous ? »

L’avocat a écarté la question de l’antisémitisme en expliquant combien c’était contraire aux idées du père de Nabil M., qui est l’organisateur de la présence française au festival d’Alexandrie. Il a parlé de sa mère, catholique. De Nabil M., musulman. Et Seban a indiqué qu’il était lui-même juif, qu’il était dans le procès Touvier. Alors, selon lui, oui, la haine était bien dans le box des accusés ces deux derniers mois. Mais elle était du côté de Youssouf Fofana, du côté des bourreaux.

Enfin, pour pousser le jury a bien réfléchir, Maître Didier Seban a cité le président de la République sur l’était des prisons françaises, « une honte pour la République ». 6O suicides en un an, des détenus à trois dans une seule cellule, et un quart d’entre sujets à des troubles mentaux. « La prison échoue donc à réduire le crime, a dit l’avocat Didier Seban. Il faut peut-être substituer l’hypothèse que la prison a fort bien réussi à produire de la délinquance ».

Et maître Didier Seban s’est adressé à la cour qu’il sait « prise en tenaille » entre cette volonté d’être aux côtés des familles de victimes, et cette obligation de sanctionner des comportements qui doivent l’être en considérant les personnalités et avenirs de chacun des accusés. L’avocat a relu le serment des jurés. Et puis, il a demandé « un peine juste, une peine comprise, une peine qui tienne compte de la volonté de réinsertion de son client, une peine qui tienne compte des conditions de détention dans les prisons, une peine qui tiendrait compte du fait que Nabil M. n’a jamais été condamné auparavant ». Me Didier Seban a fini sur ces mots : « Tendez lui la main et ne rajoutez pas de la douleur à la douleur ».

Il est encore une plaidoirie qui a fait parler d’elle pour son « efficacité », celle de Romain Boulet, avocat de Jean-Christophe S. Il a démonté les faits dans l’affaire Douieb, faisant ainsi la démonstration que la culpabilité de son client ne pouvait être retenue. 
Et maître Romain Boulet a voulu expliquer pourquoi son client n’avait pas « donné » les autres, ceux qui étaient avec lui le soir de l’enlèvement. Il a raconté l’importance de son silence, les véritables menaces qui pèsent sur sa vie, celles de ses proches. Il a rappelé aussi que son client avait attendu quelques jours, qu’il aurait pu fuir, mais qu’il a préféré affronter. C’est pour ça qu’il s’est rendu au commissariat. Seul.
Aux jurés, Me Romain Boulet a dit que, devant un tribunal correctionnel, son client aurait pris six-sept ans au plus pour un enlèvement et une séquestration. Mais il a déploré qu’à l’ombre de l’affaire Ilan Halimi, il n’y avait quasiment aucune chance d’être vraiment jugé pour ce qu’il a fait.

Aujourd’hui, mercredi, la parole sera aux accusés. Youssouf Fofana, qui refuse que ses avocats plaident, aura préparé quelque chose. Après ça, le jury se retirera pour délibérer. le verdict devrait finalement tomber vendredi soir.

P.S : Ce procès se tient à huis-clos. Aussi ce blog est-il écrit à partir d’informations recueillies, entre autres sources, auprès de personnes qui assistent à l’audience, et dont, bien entendu, nous taisons les noms.

WHO’S WHO ?

Maître Françoise Cotta, avocate de la défense

Elle a prêté serment en 1980, et s’est aussitôt investi dans le droit pénal. A propos de son engagement dans ce métier, elle répond ainsi : « Les experts, devant les tribunaux, disent souvent qu’on est très conditionné par son enfance, qu’elle est déterminante pour l’avenir d’une personne. Alors si je passais devant un cour un jour, si on se demandait pourquoi je suis devenue avocate, un expert dirait peut-être ça de moi, que mon enfance a été déterminante ». Pas un mot de plus. Mais une carrière. Françoise Cotta est l’avocate de Sami Naceri. Elle défend la plaignante au procès de Cheb Mami. Elle a participé au procès de Jean-Claude Bonnal, dit Le Chinois.
Au procès dit du « gang des barbares », Françoise Cotta est l’avocate de Gilles S., gardien d’immeuble. Après deux mois et demi d’audience, elle dit : « C’était une véritable salle de travail, ce procès a été tenu en mains de maître, par une présidente exemplaire qui n’a jamais défailli sur les droits de la défense, qui a toujours su rester juste, mais ferme ».

Maître Didier Seban, avocat de la défense

Didier Seban a prêté serment en 1981, « avec l’accession de François Mitterrand au pouvoir ». A l’époque, Didier Seban était président de l’UNEF. Il a pensé à faire l’ENA, mais il préférait sortir de du monde de l’engagement politique. Didier Seban « passer à autre chose ». Il est entré en stage chez le célèbre avocat Jean-Louis Pelletier, avant de s’installer à son compte à l’âge 26 ans. A force de passer son temps en prison, de trop souvent défendre des trafiquants de stupéfiants, l’avocat a fini par se recentrer sur le monde des collectivités, sans jamais tout à fait laisser tomber ses activités pénales. « Pour moi, il y a un lien entre la défense pénale et la défense du service public, explique-t-il. Le droit pénal est avant tout un droit de l’Etat, ce n’est pas un droit qui gère simplement les conflits entre les particuliers ». Didier Seban est l’un des avocats du MRAP, depuis 20 ans. Il a fait condamner Le Pen et Brigitte Bardot, il a participé au procès Touvier. Aujourd’hui à la tête d’un grand cabinet d’avocats parisien, Didier Seban a été l’avocat de la majorité des familles des jeunes filles disparues dans l’Yonne. Il a aussi représenté une partie civile au procès de Fourniret.
Au procès qui se termine dans quelques jours, il défend Nabil M., l’un des geôliers d’Ilan Halimi.

Elsa Vigoureux